Marrakech a accueilli la 2ème édition du Forum d’Affaires de la ZLECAf, placée sous le signe d’une intégration économique africaine plus efficiente. Les 11 et 12 décembre, les débats ont permis d’affiner les stratégies, d’harmoniser les positions et de consolider la dynamique continentale.
Au-delà des discours, l’enjeu est désormais opérationnel de bâtir progressivement un marché africain intégré, à l’image de la Communauté Economique Européenne qui a précédé l’Union Européenne, capable de réduire la dépendance extérieure du continent et de structurer des chaînes de valeur régionales. La ZLECAf ambitionne ainsi de faire émerger, à terme, un marché unique de près de 1,4 milliard d’habitants, fondé sur la simplification des échanges, la levée des barrières non tarifaires, la finalisation des négociations tarifaires et le déploiement d’outils structurants, notamment un système de paiement panafricain et des infrastructures logistiques intégrées.
Pensé comme un outil de mise en œuvre plutôt que comme un simple cadre d’échanges, le programme des deux journées du Forum a traduit la volonté des organisateurs de déplacer le débat vers le terrain opérationnel. Les discussions ont été structurées autour des leviers clés de la ZLECAf, notamment la transformation des chaînes de valeur continentales, l’accélération du commerce intra-africain, la montée en gamme des exportations africaines et le renforcement de l’attractivité des investissements.
À travers une articulation entre panels thématiques, sessions plénières, rencontres B2B et échanges techniques, le Forum a réuni décideurs publics, chefs d’entreprises, institutions et experts autour d’un objectif commun : faire de la ZLECAf un instrument concret de résilience économique, de compétitivité productive et de prospérité partagée à l’échelle du continent.
«Nous participons à la deuxième édition du Forum avec un objectif clair : aller au-delà des signatures de conventions pour aboutir à des résultats concrets. Il s’agit d’identifier des mécanismes opérationnels permettant aux entreprises africaines d’échanger davantage entre elles», nous confie Ali El Harti, président de la Fédération Nationale de l’Electricité, de l’Electronique et des Energies Renouvelables (FENELEC).
En marge du Forum, la Confédération Africaine de l’Électricité et des Énergies Renouvelables (CAFELEC), dont la FENELEC est membre actif, a signé un partenariat visant à renforcer l’intégration du secteur électrique africain. L’accord prévoit l’harmonisation des normes, le partage d’expertise, la formation conjointe, ainsi que le développement de projets transnationaux dans les énergies renouvelables, l’hydrogène vert, le solaire et l’éolien.
«Au niveau de la CAFALEC, nous avons signé cette convention pour accompagner ces pays africains dans la démarche, depuis l’ingénierie jusqu’au montage financier, puis jusqu’à la mise en œuvre et l’électrification», a déclaré Ali El Harti.
Le président de l’ASMEX, Hassan Sentissi, a révélé à «L’Opinion» que «l’ASMEX a exprimé ses vœux les plus sincères pour fédérer et créer une confédération africaine des exportateurs marocains».
Cette approche souligne également le rôle stratégique du Maroc comme plateforme économique et logistique capable de catalyser les investissements et de servir de pont entre les marchés africains et internationaux. En plaçant la coopération et la structuration au cœur de ses actions, l’ASMEX aspire à transformer les ambitions commerciales en résultats tangibles, tout en soutenant le développement économique de l’ensemble de l’Afrique.
De son côté, le secrétaire général de la ZLECAf, Wamkele Mene, a insisté sur la nécessité d’accélérer la mise en œuvre du projet, désormais sorti de sa phase technique. Face à un environnement international marqué par la fragmentation des politiques industrielles, il a appelé à renforcer les chaînes d’approvisionnement intra-africaines, à développer les capacités industrielles du continent et à investir davantage dans ses propres institutions de financement.
Pour lui, la résilience africaine passe par des chaînes de valeur construites en Afrique, pour l’Afrique. Les négociations abouties dans les secteurs du textile, de l’habillement et des règles d’origine constituent, selon lui, des progrès majeurs dans ce sens.
«Le secteur des tissus marocains joue un rôle clé dans le développement industriel et la coopération avec l’Afrique. Nous transformons les produits africains au Maroc pour les marchés locaux et internationaux, créant ainsi des emplois et stimulant les investissements», nous a confié Anas Al-Ansari, président de l’AMITH.
Mene a également souligné l’importance du secteur privé, qui devra être au cœur de l’édition 2026 du Forum.
La tenue du 3ème Forum de la ZLECAf, prévue courant 2026 à Fès, selon le Secrétaire d’État chargé du Commerce extérieur, Omar Hejira, illustre cette dynamique et souligne l’importance du Maroc dans la mise en œuvre des objectifs de la ZLECAf, pour stimuler le commerce intra-africain, harmoniser les régulations et promouvoir la compétitivité des entreprises africaines. Ce positionnement renforce non seulement la stature du Maroc comme hub économique continental, mais ouvre également la voie à une intégration régionale plus solide et durable, bénéfique pour l’ensemble des acteurs économiques africains.
Quel rôle joue l’ASMEX pour faciliter l’accès des exportateurs marocains aux marchés africains dans le cadre de la ZLECAf ?
Comment l’ASMEX aide-t-elle les entreprises marocaines à réussir sur le marché africain ?
Lors de la deuxième édition du Forum ZLECAf, l’objectif est de dépasser les simples signatures de conventions pour générer des résultats concrets, en favorisant les échanges entre entreprises africaines. Malgré un commerce intra-africain encore faible, le continent vise l’industrialisation, avec le Maroc comme modèle. Nous avons déjà enregistré des résultats concrets et très positifs, et l’avenir s’annonce prometteur. Le forum a permis un partage d’expériences réciproque, tout en soutenant l’exportation marocaine, notamment dans l’électricité et les énergies renouvelables.
Quels sont les résultats concrets attendus de la convention avec la CAFALEC pour l’accompagnement des pays africains dans l’électrification ?
Rien ne peut se faire sans énergie, car la richesse d’un pays dépend directement de sa consommation énergétique. Aujourd’hui, un Africain consomme en moyenne dix fois moins qu’un Européen, ce qui représente une énorme opportunité. L’énergie en Afrique peut être utilisée sous forme de produits pétroliers, de gaz ou d’électricité, et le gazoduc permettra de générer une grande capacité électrique, transformant pétrole et gaz en électricité. Malgré les défis, notamment le financement, la convention signée avec la CAFALEC vise à accompagner les pays africains depuis l’ingénierie jusqu’au financement et à la mise en œuvre de projets d’électrification industrielle, résidentielle et tertiaire.
Quel message souhaitez-vous adresser aux autres pays africains pour renforcer l’efficacité économique du continent ?
Mon message est clair et simple : notre richesse, c’est notre jeunesse. La moyenne d’âge en Afrique est de 19 ans, contre 40 ans en Europe. L’avenir est donc africain. Toutes les études montrent que l’économie mondiale dépendra de l’économie africaine. Nous avons un potentiel énorme et il est temps de passer à une vitesse supérieure, celle de la concrétisation et des résultats tangibles.
