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Vidéo. Perspectives économiques : Il y a de quoi être optimiste

La croissance, l’inflation, les finances publiques, l’endettement de l’État, les secteurs porteurs… Tous les paramètres qui décident de la trajectoire de l’économie marocaine sont chamboulés, en raison des différentes crises par lesquelles passent tous les pays du monde et qui n’ont pas épargné le Maroc. Ces thématiques ont été traitées de fond en comble lors du dîner-débat organisé par «La Vie éco», le 26 janvier dernier, qui a accueilli comme intervenants : Nadia Fettah Alaoui, ministre de l’Économie et des finances, Mehdi Tazi, vice-président général de la CGEM, Abdelkader Boukhris, expert-comptable et PDG de SFM Conseil et El Mehdi Fakir, économiste et spécialiste de l’évaluation des politiques publiques.
Il en ressort que le Maroc est un pays résilient avec des fondamentaux pour le moins solides. D’ailleurs, plusieurs institutions internationales ont salué la résistance dont le pays a fait preuve face aux chocs nationaux et internationaux : Covid et ses nombreuses répercussions, sécheresse, crise géopolitique et ses impacts… En effet, le Maroc s’en est bien sorti. Si le pays a clôturé l’année 2022 sur une croissance de 1,5%, les pays développés ont fait du surplace. Les pays émergents, eux, ont réussi à réaliser une croissance de 2% en Chine et 6,5% en Inde.
Et si cela est possible, c’est grâce aux différentes interventions de l’État en continuant à subventionner le blé, le gaz et indirectement l’électricité également.

Inflation & Monnaie
Même du côté de l’inflation, tous les pays ne sont pas logés à la même enseigne. Le constat est tel que son niveau a atteint des niveaux très élevés de manière globale. Toutefois, le rythme de hausse atteint par le Maroc est de loin inférieur à ceux observés dans les autres pays. Avec un niveau moyen contenu à 6,6% en 2022 au Maroc, il reste inférieur à la moyenne mondiale qui est de 7,6%, avec des évolutions disparates ; la plus élevée étant de 13,8% en Égypte et la plus faible : 2% en Chine. Le taux d’inflation s’est situé à 8,1% aux États-Unis et 8,7% en zone Euro.
Et il faut dire que le Maroc s’est montré sage en évitant de céder aux pressions du FMI pour entamer la deuxième phase de la libéralisation de la monnaie nationale. Les pays dont la monnaie est libre ont subi un décrochage énorme de leurs devises par rapport au dollar, avec -86% pour la Turquie et -38% pour l’Argentine par exemple.
Le cadre général étant planté, comment devrait se comporter l’économie en 2023 ? Cet exercice est encore plus difficile en cette période, compte tenu des incertitudes qui entourent l’évolution de tous les facteurs pesant dans la croissance économique du pays. D’ailleurs, qu’elles soient marocaines ou étrangères, les institutions commencent par évoquer l’environnement incertain, avant de développer leurs prévisions de croissance. Elles vont de 3,1% pour BAM, à 3,3% pour le HCP et 4% pour le ministère. Le FMI, lui, prévoit 3% contre 3,5% pour la Banque mondiale et 3,3% pour la BERD. Alors que les prévisions de croissance rapprochent plus ou moins les institutions, celles de l’inflation les séparent complètement : 3,9% pour BAM, 4,1% pour le FMI, 2% pour le ministère et 1,9% pour le HCP. Au-delà des chiffres et des statistiques, les intervenants semblent optimistes, sans verser dans l’excès. L’économie marocaine a déjà montré des signes de reprise et devrait continuer sur ce trend, pour des secteurs plus que d’autres. Mais en tout cas, la tendance générale va vers l’amélioration. Cela, grâce notamment aux efforts déployés par l’État, matérialisés par l’ensemble des aides et subventions offertes ici et là. Cela, conjugués aux nombreuses réformes entamées, a évidemment pesé sur le budget avec un déficit budgétaire de 5,1% du PIB, l’année sortante. D’où la quête de l’État de plus de ressources afin de rééquilibrer son budget. Cela passe par la fiscalité d’abord. La Loi de finances 2023 comporte une panoplie de dispositions fiscales dont le but est de rééquilibrer la situation financière de l’État.

Fiscalité favorable ?
Si la ministre considère que la Loi de finances a favorisé l’entreprise et qu’il est du devoir du gouvernement de le faire, puisqu’elle est l’un des moteurs de croissance de l’économie, Boukhris n’est pas du même avis. De 2020 à 2022, les recettes fiscales sont passées de 206 à 264 MMDH, soit une augmentation de 26%. «Cette manne fiscale que l’État enlève aux entreprises est pénalisante». Et de se demander si l’Etat ne serait pas en train de pomper la richesse des entreprises, encore plus par le passage de l’IS de 30 à 35%. Des efforts ont été fournis certes mais plusieurs insuffisances sont à pointer du doigt, comme la TVA et l’IR qui n’ont subi aucun changement. Il ajoute que plusieurs rétropédalages ont été notés, notamment sur Casa Finance City et sur les OPCI.

L’ambition de cette Loi de finances est d’augmenter les recettes fiscales. «Mais même avec cette ambition, elles ne seront pas suffisantes, puisque 25% sont constitués de recettes non fiscales, le reste étant de la fiscalité et de la parafiscalité», constate Fakir. La fiscalité est en train d’atteindre ses limites en raison de la structure des recettes de l’État qui est à revoir complètement.
Il est à noter tout de même que la pression fiscale n’a pas augmenté. Elle est toujours autour de 21% du PIB. «Le gouvernement vise l’augmentation des recettes fiscales et non de la pression fiscale. Ce sont les grandes entreprises qui sont visées et elles ont les moyens de payer. Cela a été mis en place en attendant l’élargissement de l’assiette, suite à laquelle d’autres sujets seront abordés comme l’informel, la fraude fiscale…», souligne la ministre.
Il n’en demeure pas moins que la fiscalité à elle seule ne peut couvrir toutes les dépenses de l’État, surtout qu’il s’est impliqué dans plusieurs chantiers budgétivores et a engagé des investissements qui ne sont pas tous productifs. Comment l’État devra financer l’enveloppe budgétaire fixée à près de 300 MMDH ?

Financement : Vers plus de PPP
Le taux d’endettement de l’État devra baisser en 2023 à 69% du PIB. Le Trésor devra s’orienter à l’international pour emprunter un montant de 60 MMDH, sachant que les emprunts prévus pour cette année sont de 129 MMDH. Au-delà du financement sur le marché des bons du Trésor, Boukhris estime qu’il faut aller davantage vers les partenariats public-privé, monétiser le foncier de l’État et capter l’épargne privée. D’ailleurs, «ces financements innovants ont pesé dans le financement du Trésor en 2022, puisqu’ils ont cumulé un peu plus de 25 MMDH», explique Nadia Fettah Alaoui. Le vice-président de la CGEM, lui, attire l’attention essentiellement sur le taux d’exécution des investissements de l’État. «Les investissements prévus ne sont pas forcément tous réalisés ; les ordres de grandeur vont de 50 à 70%. Les 245 MMDH budgétisés en 2022 n’ont été réalisés qu’à hauteur de 180MMDH». Ce qui serait probablement le cas cette année, surtout que l’enveloppe budgétaire comprend 45MMDH liés au Fonds Mohammed VI. «Je doute qu’on ait le temps d’investir ce montant, sachant que le Fonds vient d’être créé», conclut Tazi.

Chantiers sociaux budgétivores
Mais en tout état de cause, la ministre tient à préciser que le taux de retour sur investissement de certains projets ne se matérialise pas dans l’immédiat, mais dans le moyen et long terme. L’allusion est faite aux secteurs de la santé et de l’éducation auxquels elle invite le secteur privé à participer pour les opportunités d’investissement qu’ils représentent au même titre que les créations d’emplois et de valeur ajoutée.
Et justement, l’État a vu l’urgence de mener une réforme générale du secteur de la santé, en généralisant la couverture médicale et aussi la protection sociale. «Ce sont 50 MMDH qui seront dépensés quand on aura généralisé tout le système de la protection sociale, réformé les retraites, amélioré les allocations familiales… A date, 9 MMDH ont été déboursés pour le basculement des ramédistes vers l’AMO et l’on pourra enclencher les allocations familiales à partir du 4e trimestre 2023», entend la ministre.
Sur ce point, Fakir estime que la réforme de la santé pourrait passer également par les PPP. «La dialyse est le meilleur exemple à donner. C’est une expérience réussie grâce justement à ce type de partenariats qui ont contribué à multiplier les centres et à offrir ces soins à moindre coût».
En revanche, la retraite reste un sujet compliqué, avoue la ministre. «Il y a un déficit technique, un problème de réserves et les réformes sont difficiles à entamer, puisqu’elles engagent quatre parties : les actifs d’aujourd’hui, les retraités d’aujourd’hui, l’État et les générations futures. Nous allons trouver la solution la moins douloureuse possible».

Quid de la croissance EN 2023 ?
Tazi évoque la dynamique positive du tourisme et de l’industrie agroalimentaire qui a déjà été enclenchée et qui devrait continuer à bien se porter. Il émet toutefois une réserve sur les activités industrielles qui dépendent de la demande extérieure qui ne serait pas au rendez-vous cette année, comme l’automobile. Avis auquel Fakir répond : «C’est l’année des secteurs exportateurs, à condition de ne pas tabler sur les mêmes marchés et de s’orienter vers d’autres, plus intéressants».
De son côté, Boukhris considère que le Maroc a besoin d’IDE et le pari devra se faire sur les énergies renouvelables. Pour lui, «c’est la tendance internationale actuellement et le Maroc se positionne bien en la matière, notamment sur l’hydrogène vert».
La ministre a conclu le débat en estimant que la croissance serait tirée par l’ensemble des secteurs d’activité économique. Mais s’il y a un bémol à mettre, c’est sur celui du bâtiment. Elle a rappelé la proposition du gouvernement de revoir le processus d’aides aux acquéreurs en ciblant directement l’acquéreur.

Le gouvernement planche sur plusieurs dossiers

De nombreux chantiers structurants ont été lancés, d’autres accélérés depuis la crise sanitaire. Pour assurer une relance économique, le gouvernement a, entre autres, adopté les dispositions de la nouvelle loi-cadre formant la Charte de l’investissement et a poursuivi l’opérationnalisation effective du chantier de réforme des CRI, ainsi que le Fonds Mohammed VI. A cela s’ajoutent la réforme des entreprises et établissements publics et celle de la commande publique. Sur le plan social, la généralisation de l’AMO, qui prévoit la couverture de 50% des besoins, est en marche, puisqu’elle a touché 23millions de bénéficiaires. S’ensuivra le sujet épineux des retraites, le ciblage des allocations familiales, ainsi que les aides à l’acquisition d’un logement décent. Il est question aussi de continuer
à mettre en œuvre les programmes Awrach et Tahfiz et à redynamiser Intelaka et Forsa. L’équité territoriale n’est pas en reste, puisque
le gouvernement entend poursuivre l’implémentation de la régionalisation avancée (10 MMDH), du programme de réduction des disparités territoriales et sociales
(6 MMDH) et d’accélérer l’opérationnalisation du plan national de l’eau.

 

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