Malika Saissi…La fibre sociale au service du vivre-ensemble

Par Hicham Boumehdi.

Bruxelles – Travailler sur la culture et l’éducation pour lutter contre la précarité et favoriser le vivre-ensemble, voilà une vocation qui prend tout son sens dans une cité cosmopolite comme la commune bruxelloise de Molenbeek-Saint-Jean. Elle est portée avec dévouement par Malika Saissi, marocaine d’origine et molenbeekoise d’adoption.

Cette femme de conviction, que le Maroc n’a jamais quitté son cœur, est active depuis une trentaine d’années au sein du centre communautaire néérlandophone Vaartkapoen, un espace ouvert aux talents, aux artistes et au bénévolat social au cœur de cette commune. Aujourd’hui coordinatrice de projets éducatifs, culturels et artistiques, Malika Saissi est devenue un élément indispensable de ce lieu de rencontre, de dialogue et de partage tourné principalement vers les jeunes et les femmes.

“C’est un centre culturel qui anime différentes activités éducatives et récréatives, dans le sens de l’émancipation du corps et de l’esprit, du bien-être pour chacun et chacune”, résume-t-elle dans un entretien à la MAP. Elle travaille beaucoup avec les jeunes et les femmes issus de la communauté marocaine, fortement présente à Molenbeek. Son principal souci est l’émancipation et la promotion du vivre ensemble par le biais de l’art et de la culture.

“Le vivre-ensemble n’est pas pour nous un prétexte pour obtenir des subsides, c’est une pratique au quotidien. Il devrait être une banalité, mais malheureusement, par moments, on subit les conséquences d’événements où les médias font en sorte de nous diviser ou de nous instrumentaliser”, souligne-t-elle, disant œuvrer pour redonner confiance aux personnes défavorisées, les amener à croire en elles-mêmes et en leur capacité à changer les choses.

Malika donne pour exemple son propre parcours. Elle a dû abandonner l’école à l’âge de treize ans, mais a réussi à tracer son chemin grâce au bénévolat, qu’elle considère comme le “moteur de la société” et une action étroitement liée aux valeurs de solidarité des familles marocaines.

“Chez nous, ne pas manger seul est inné. Cela fait partie de notre identité et forge ce que nous sommes aujourd’hui”, fait-elle remarquer.

Toujours inspirée de son héritage marocain, Malika Saissi œuvre pour mettre en lumière les figures de la culture et de l’art marocain, notamment féminine. Elle a, dans ce cadre, lancé en 2024 un cycle d’activités dédiées à feue Fatima Mernissi, qu’elle espère clôturer au Maroc, avec une représentation théâtrale inspirée de l’œuvre de la grande sociologue et écrivaine marocaine.

Parmi les projets qui lui tiennent à cœur, Malika organise “Let’s Talk”, une émission-débat et un podcast qui traite de différents sujets de société, offrant un échange entre des experts et le public dans un esprit propice à la réflexion et qui brise les tabous.

L’action de Malika Saissi ne s’arrête pas au Vaartkapoen. Elle préside aussi une association appelée “Les ambassadeurs de la paix M&M” qui mène des actions humanitaires et caritatives et …organise des voyages. “Cela a commencé il y a trente ans avec une dizaine de femmes qui vivaient en Belgique depuis de longues années et qui n’avaient jamais vu la mer du Nord ! Le voyage est une école, c’est le vivre ensemble en mouvement et, comme l’expression artistique, il peut être plus efficace pour passer des messages que des conférences et des débats”.

Née en Belgique de parents marocains qui ont émigré dans les années 1960, elle porte le Maroc dans son cœur et observe avec grand intérêt les avancées réalisées sous la conduite de SM le Roi Mohammed VI, notamment en faveur de la femme marocaine. “On voit des avancées positives. Je suis très fière de ce qui a été accompli sous l’égide du Souverain, avec la Moudawana qui a été une ouverture extraordinaire, une fierté et aussi un espoir pour l’avenir”.

“Je suis marocaine et fière de l’être. Je voyage énormément mais le pays qui m’a le plus conquise par son ouverture, sa chaleur humaine, ses traditions, son héritage culinaire, ses mers, montagnes et déserts, n’est autre que mon pays d’origine”, conclut-elle.