Propos recueillis par Karim Hammou.
Marrakech – Le Festival du livre africain de Marrakech (FLAM) cherche à consolider sa position en tant qu’événement de premier plan reflétant la richesse et la diversité de la littérature africaine, en mettant en exergue sa pluralité linguistique et culturelle et en renforçant sa présence sur la scène internationale, a indiqué le délégué général du Festival, Younès Ajarraï.
Dans une interview accordée à la MAP en marge de la 3ème édition du Festival, M. Ajarraï a relevé que “la littérature africaine est, à la base, une littérature plurielle, et c’est ce que le festival tente de mettre en exergue”.
Dans ce sens, il a ajouté que “nous ne pouvons pas parler d’une seule littérature africaine, mais plusieurs littératures africaines, car nous écrivons aussi bien au Maroc que dans d’autres pays, et nous exprimons des expériences différentes dans des langues différentes”, notant que la “littérature africaine” au singulier ne reflète pas la réalité culturelle du continent, qui comprend 54 pays, chacun d’entre eux ayant sa propre identité littéraire.
Il a souligné que la littérature africaine ne se limite pas à ce qui est écrit en Afrique, mais s’étend au monde entier grâce à la présence d’écrivains d’origine africaine, faisant l’éloge de la longue et prospère histoire de ses écrivains qui ont remporté des prix internationaux prestigieux.
La troisième édition du festival (30 janvier-02 février) vise à consolider les acquis des éditions précédentes, a-t-il indiqué, soulignant que malgré sa nouveauté, l’événement a réussi à s’imposer aux niveaux national, continental et international.
La programmation artistique du festival s’est enrichie avec du cinéma, des cafés culturels, des arts plastiques, de la musique et de la poésie.
Le programme du festival a également accordé une attention particulière à la jeunesse en lui consacrant diverses manifestations, notamment en organisant des rencontres littéraires dans les universités et les lycées et en lançant le Prix littéraire des lycéens de Marrakech, qui offre à quelque 200 élèves l’occasion d’interagir avec le livre tout au long de l’année, encourageant ainsi l’acte de lire et d’écrire.
Concernant le thème de cette session, M. Ajarraï a expliqué que l’accent mis sur les “voix féminines” dans la littérature africaine est né de la conviction que les femmes ont une vision particulière du monde qu’il convient d’écouter, surtout dans une société à prédominance patriarcale.
“La littérature, qu’elle soit féminine ou masculine, est un moyen de voyager dans l’imaginaire des gens et d’explorer leurs cultures”, a-t-il affirmé, ajoutant que, néanmoins, cette année, le FLAM a voulu donner plus de place aux femmes écrivains, compte tenu de leur vision différente de la vie dans un monde dominé par les hommes.
Malgré la présence croissante de la littérature africaine au niveau mondial, les écrivains africains rencontrent de grandes difficultés en matière d’édition et de distribution sur le continent, a-t-il affirmé, notant que la plupart des écrivains ont recours à des maisons d’édition européennes ou arabes pour atteindre un public plus large, en raison du manque de possibilités d’édition et de distribution en Afrique.
À cet égard, il a fait part de sa vision de créer un réseau entre les maisons d’édition africaines, ce qui permettra de réduire les coûts de production et de distribution, et donc de mettre les livres à la disposition du public à des prix abordables.
En ce qui concerne l’impact des technologies modernes, telles que l’intelligence artificielle, sur la littérature, M. Ajarraï a souligné que les technologies modernes ne peuvent pas remplacer l’imagination humaine, mais qu’elles peuvent aider les écrivains dans la recherche et la documentation, en leur faisant gagner du temps et des efforts.
Fondé par Younès Ajarraï aux côtés de l’écrivain et artiste plasticien Mahi Binebine, l’universitaire Hanane Essaydi et la journaliste Fatimata Wane-Sagna, et organisé par l’association WE ART AFRICA//NS, le FLAM rassemble des écrivains, penseurs et intellectuels d’Afrique, de ses diasporas et de ses descendants.
Cet événement, devenu un rendez-vous culturel incontournable, vise, selon ses organisateurs, à contribuer au rayonnement culturel et artistique de l’Afrique tout en mettant en lumière la richesse de ses littératures et de ses arts. Aussi, il ambitionne d’encourager la culture, promouvoir l’écriture et soutenir le développement économique et social à travers l’art.
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