Les pronostics des experts sur la révolution du monde du travail d’ici 2025 semblent être bousculés par la pandémie qui sévit dans le monde entier et qui impose des changements radicaux, inopinés et accélérés.
Dans le monde du travail, c’est plus qu’une évolution, mais une révolution des méthodes, des approches, des priorités et des objectifs. La conversion numérique devient une évidence. L’entreprise augmentée, c’est pour maintenant !
La révolution numérique va nécessiter d’importants efforts de reconversion pour préserver l’emploi, selon un rapport du Forum économique mondial publié mercredi, mettant en lumière que près de la moitié des salariés vont devoir mettre à niveau leurs compétences.
La pandémie du Covid-19 a accéléré les mutations du monde du travail déjà à l’œuvre, selon ce rapport qui se penche sur l’avenir de l’emploi avec ce que les organisateurs du Forum économique mondial qui se tient habituellement à Davos, en Suisse, décrivent comme une «quatrième révolution industrielle». Préfaçant ce rapport, le fondateur et Executive Chairman du Forum économique mondial (WEF), Klaub Schwab, estime que le monde passe par un moment décisif, «les décisions et les choix que nous faisons aujourd’hui détermineront le cours des générations entières, leurs vies et moyens de subsistance.
Nous avons les outils à notre disposition. La richesse de l’innovation technologique qui définit notre ère actuelle peut être mise à profit pour libérer le potentiel humain. Nous avons les moyens pour requalifier et améliorer les compétences pour déployer des filets de sécurité pour protéger les travailleurs, et pour créer des stratégies adaptées aux emplois de demain». Il admet par ailleurs, que les efforts déployés restent insuffisants et qu’il faut agir vite en mettant en place un système socio-économique plus juste, durable et équitable, et où la mobilité sociale est encouragée, la cohésion sociale rétablie et la prospérité économique est compatible avec le développement durable.
Demain, c’est déjà aujourd’hui
«Ce qui était considéré comme ‘‘l’avenir du travail’’ est déjà arrivé’’», affirment les auteurs de ce rapport dans un communiqué, soulignant que la récession déclenchée par la crise sanitaire «a provoqué un changement du marché du travail plus rapide que prévu».
D’ici 2025, l’automatisation et la nouvelle répartition du travail entre les humains et les machines risquent de perturber quelque 85 millions d’emplois au niveau mondial, touchant en particulier les tâches appelées à évoluer avec les changements technologiques, telles que la saisie de données, la comptabilité et le soutien administratif.
Mais les nouvelles technologies vont également faire émerger quelque 97 millions de nouveaux postes, entre autres dans des secteurs tels que les soins à la personne, les entreprises liées à cette quatrième révolution industrielle, notamment dans des domaines tels que l’intelligence artificielle, ou encore dans la création de contenus.
Selon ce rapport, 43% des entreprises interrogées s’attendent à réduire leurs effectifs en raison de ces nouvelles technologies, 41% prévoient de recourir à davantage de sous-traitants tandis que 34% prévoient au contraire de recruter avec ces mutations technologiques.
Ce rapport, dans sa troisième édition, se base sur les projections de hauts dirigeants d’entreprises, dont des directeurs des ressources humaines et directeurs de la stratégie, qui représentent près de 300 grandes entreprises.
Par rapport aux deux précédentes éditions, les auteurs de l’étude notent cependant que les créations de postes sont en train de ralentir alors que les destructions d’emplois accélèrent.
La crise sanitaire a «aggravé les inégalités existantes», a noté Saadia Zahidi, directrice générale au Forum économique mondial, citée dans le communiqué, le rapport mettant en lumière un «nouveau sentiment d’urgence» pour accélérer la reconversion. «À l’avenir, nous verrons que les entreprises les plus compétitives seront celles ayant investi massivement dans leur capital humain, les qualifications et les compétences de leurs employés», a-t-elle affirmé.
Près de 50% des travailleurs qui conserveront leur poste au cours des cinq prochaines années auront besoin d’une reconversion, selon ce rapport. Cette reconversion passe également par une requalification et une accentuation des compétences nouvelles. Le rapport indique ainsi que les écarts de compétences vont continuer à se creuser compte tenu des emplois qui évoluent. «Pour les cinq prochaines années, les meilleures compétences seront celles en lien avec le travail d’équipe, la pensée critique, l’esprit d’analyse, la résolution de problèmes, le self-management, l’apprentissage actif, la résilience, la tolérance au stress et la flexibilité», indique le rapport. Les entreprises interrogées estiment qu’environ 40% des travailleurs auront besoin d’une requalification de six mois au moins et 94% des chefs d’entreprise déclarent attendre des employés qu’ils acquièrent de nouvelles compétences professionnelles. Une hausse considérable par rapport à 2018, où seuls 65% de managers exprimaient un besoin urgent d’adoption de nouveaux skills.
Source : LE MATIN