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samedi, décembre 20, 2025

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​El Jadida -Vernissage : Didier Klein, un calligraphe français célèbre les racines poétiques de la langue arabe

Dans la pénombre feutrée de la grande salle de l’Institut français d’El Jadida, les regards se posent, s’attardent, puis reviennent sur les lignes noires qui serpentent sur le papier. Mardi soir, le vernissage de l’exposition du calligraphe français Didier Klein a transformé l’espace en un lieu de silence attentif, où l’écriture arabe devient matière à contemplation.

 À 70 ans, l’artiste présente une série de calligraphies inspirées des Mu‘allaqāt, célèbres poèmes préislamiques, qu’il décline en styles diwani et maghribi. Les lettres y dansent, tantôt disciplinées, tantôt libérées, évoquant une poésie ancienne où se mêlent amour, vin, conquêtes féminines et jeux du hasard.
 
« Avec les Mu‘allaqāt, on plonge au cœur des origines de la langue arabe, au même titre que le Coran, et dans la relation très particulière qu’entretenaient les Bédouins du désert avec la poésie », explique Didier Klein, entouré de visiteurs attentifs. Pour illustrer son propos, l’artiste s’est appuyé sur une quinzaine d’extraits calligraphiés, choisis pour leur richesse stylistique et symbolique.
 
Rien ne prédestinait pourtant ce Français à consacrer une grande partie de sa vie artistique à la langue arabe. « J’ai découvert le monde arabo-musulman lors de voyages en Algérie dans les années 1980. Cela a été un choc », confie-t-il. De cette rencontre est née une curiosité devenue passion, qui l’a conduit à étudier l’arabe littéral durant trois ans à l’Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco) à Paris.
 
Autodidacte en calligraphie, Didier Klein a ensuite poursuivi son chemin à travers la Tunisie, la Jordanie, la Turquie et le Maroc. Séduit par ce dernier, il s’y est installé il y a deux ans. Son travail s’enrichit également d’un dialogue avec la culture amazighe, qu’il explore parallèlement à la poésie arabe classique.
 
Au fil de la soirée, les visiteurs déambulent lentement, happés par des œuvres qui ne se contentent pas de transmettre un texte, mais invitent à la méditation. « On ne lit pas seulement, on ressent », murmure une spectatrice devant une calligraphie aux courbes audacieuses.
 
Ouverte jusqu’à la fin du mois, l’exposition fait d’El Jadida un point de rencontre entre héritages millénaires et création contemporaine, dans un échange silencieux entre Orient et Occident, mémoire et présent.
 

 Mohamed LOKHNATI

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