Par Rachid Sami
Settat – Contrairement aux villes où l’offre culturelle et en animations diverses ne manque pas pendant le Ramadan, outre les veillées religieuses dans des mosquées toujours archi-combles, les agglomérations rurales maintiennent leur rythme de vie immuablement synchronisé au lever et au coucher de soleil. A de rares exceptions près.
A l’arrivée du mois béni, les ruraux ne changent pratiquement rien à leurs habitudes, n’ayant généralement aucune occasion de le faire sauf pour certains qui préfèrent passer leurs nuits ramadanesques dans la ville la plus proche. Comme c’est le cas d’une brochette de jeunes résidant dans les douars situés à quelques encablures de Settat.
Immédiatement après la rupture du jeûne, ils enfourchent leurs motos qui ont remplacé depuis bien longtemps les charrettes ou prennent un taxi pour aller prendre leur café et assister éventuellement à quelques animations organisées dans la capitale de la Chaouia. Pour eux, c’est un rituel incontournable pour se libérer de l’ennui et se détendre après une dure journée de labeur.
Quant aux autres, la grande majorité en fait, ils maintiennent leur routine avec au programme les tâches quotidiennes exigées par, entre autres, le nettoyage des écuries, l’alimentation du bétail, l’entretien des arbres fruitiers, la traite du matin et du soir et aussi le labourage de la terre pour y semer du maïs et de l’orge encouragés en cela par les généreuses précipitations enregistrées ces derniers jours et qui continueront durant ce mois de mars annoncé comme exceptionnellement très pluvieux.
Et tant d’autres tâches agricoles et domestiques qui exigent énormément d’énergie et de volonté. La seule dérogation à leur rythme habituel, étant habituellement du matin, est de faire quelques fois la grasse matinée qu’ils s’accordent pour compenser le manque de sommeil causé par le chamboulement des heures de repas et les veillées nocturnes et qui remplace pour ainsi dire l’indispensable sieste.
Des veillées qu’ils observent le plus souvent dans les quelques cafés qui existent dans certains villages. Les uns jouent aux cartes, les autres regardent un match de foot tout en animant des conversations à bâtons rompus et axées principalement sur les retombées positives des récentes pluies qui ont réveillé une nature longtemps endormie et une terre assoiffée, annonçant, d’ores et déjà, un printemps verdoyant et une moisson prometteuse.
L’effet de cette pluie se fait déjà ressentir avec l’amorce d’une tendance baissière concernant les prix de certains aliments de bétail, outre des couverts végétaux en abondance pour le grand bonheur des petits éleveurs qui s’arrachaient les cheveux pour trouver de quoi rassasier l’appétit de quelques vaches à lait et brebis.
Dans leurs conversations, on ressent du premier regard qu’ils ont le moral au beau fixe. Un état d’exaltation visible et palpable qui met un coup d’arrêt à une longue attente de la pluie, éloignant du coup le spectre de la sécheresse. Les signaux sont repassés au vert. Aujourd’hui, ils abordent avec beaucoup plus de sérénité la suite et la fin de cette saison agricole sauvée in extremis.
En attendant la saison des moissons, les gens de la campagne passent leur Ramadan sans qu’aucun changement ne survienne dans leurs habitudes viscéralement rythmées comme d’ailleurs le reste de l’année par le lever et le coucher du soleil. Tranquillement, sans frustration aucune. Ne dit-on pas que le bonheur est dans le pré ? Pourvu qu’il pleuve encore et toujours.
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