Dimanche, la CAN 2025 s’est ouverte officiellement au Maroc, dans l’emblématique Complexe Moulay Abdellah. Infrastructures fin prêtes, supporters mobilisés et sélections portées par un enthousiasme à la hauteur de l’Afrique. Retour sur les premiers jours d’une édition déjà annoncée comme celle de tous les records.
Des frères Maliens, vêtus de bogolans traditionnels dans une année proclamée « Année de la culture », aux Comoriens en tenue Nkandu… chacun apporte sa culture, son ambition et son Histoire, transformant un rendez-vous footballistique en scène d’expression identitaire. Toutes les sélections ont été accueillies dans leurs hôtels respectifs dans une ambiance festive et chaleureuse, fidèle à l’hospitalité marocaine. Deqqa Marrakchia, des chants spirituels des Isawa ou encore des mélodies envoûtantes des Gnaoua, les joueurs ont vécu une immersion immédiate dans la richesse culturelle du Royaume. Il ne faut donc pas s’étonner d’entendre le secrétaire général de la CAF, Véron Mosengo- Omba, se féliciter de l’édition en cours, qu’il a qualifiée de « meilleure » jamais organisée et qu’elle sera celle des « records ».
La CAN de tous les records
Si les performances sportives restent encore à écrire sur le terrain, la Coupe d’Afrique s’annonce d’ores et déjà exceptionnelle en dehors des pelouses. Dans les tribunes d’abord, la billetterie a déjà dépassé les 11 millions de dollars, record établi lors de la précédente édition en Côte d’Ivoire.Sur le plan médiatique, l’événement confirme également son envergure inédite avec pas moins de 54 pays africains et plus de 30 pays européens qui assureront la retransmission de la compétition. « Nous comptons plus de diffuseurs que jamais », s’est félicité le secrétaire général de la CAF, Veron Mosengo-Omba, précisant que l’instance continentale a reçu près de 5.500 demandes d’accréditation, un chiffre jamais atteint. Dans cette même dynamique, la CAF a officialisé une prime record de 10 millions de dollars pour le futur champion, un montant encore une fois inédit depuis la création de la compétition. L’organisation logistique n’est pas en reste, puisque la CAN se déroulera dans neuf stades répartis sur six villes (Rabat, Casablanca, Tanger, Agadir, Marrakech et Fès) avec un dispositif pensé dans les moindres détails, où chaque sélection bénéficie de son propre hôtel et de son camp d’entraînement, garantissant des conditions optimales de préparation.
Pour les supporters qui ne pourront pas assister aux matchs dans les stades, des Fan Zones ont été déployées dans plusieurs villes du Royaume, afin de faire vibrer le pays au rythme d’un événement attendu par les Marocains depuis 1988. Dans ce cadre, une Fan Zone AMCI particulière a été installée à la Cité Universitaire Internationale de Rabat, spécialement dédiée aux étudiants et lauréats internationaux de la coopération marocaine. Rassemblant plus de 80 nationalités, dont 47 pays africains, ce site incarne l’une des plus grandes diversités culturelles du continent, aménagée sur une superficie de 5.000 m² à même d’accueillir près de 50.000 visiteurs durant la compétition. Retransmission des matchs sur écran géant, tournoi étudiant, espaces de gaming et d’e-sport, journées artistiques et culturelles… l’initiative s’inscrit pleinement dans la Vision de Sa Majesté le Roi Mohammed VI en faveur d’une Afrique solidaire, émergente et durable, et reflète l’importance accordée à la jeunesse africaine, alors que près de 20.000 étudiants africains issus de 47 pays poursuivent actuellement leurs études supérieures au Maroc grâce à l’AMCI.
Même les aéroports se sont mis à l’heure de la CAN, aménageant des Fan Zones dédiées, permettant aux voyageurs et passagers en transit de suivre les matchs en direct et de s’immerger dans l’ambiance de la compétition. D’ailleurs, entre le 8 et le 18 décembre, les six aéroports hôtes ont accueilli 868.287 passagers, soit une hausse de 10,7 % par rapport à 2024, avec 7.327 mouvements aériens, en progression de 13 %. La journée du 18 décembre marque à elle seule un record absolu, symbole d’un Maroc prêt, mobilisé et pleinement au rendez-vous.
Le bien-être, mais l’ordre aussi !
Pour garantir des conditions mémorables pour les supporters, les cafés et restaurants dans les villes hôtes s’apprêtent à prolonger leurs heures de travail. A Rabat, le Conseil Communal a même adressé un avis aux professionnels leur annonçant la possibilité de prolonger leurs services jusqu’à 2h du matin. La Fédération nationale des propriétaires de cafés et restaurants a affirmé qu’au niveau de ses membres, une préparation rigoureuse en matière d’installation, de décoration et de diversification des menus a été entamée, afin de répondre aux besoins de tous.
Le Maroc a également mis en place un dispositif global et innovant de sécurité et de justice à l’occasion de la CAN 2025, marqué par l’inauguration de bureaux judiciaires au sein des stades, notamment au Complexe sportif Prince Moulay Abdellah à Rabat, selon le ministère de la Justice. Ce mécanisme permet une intervention immédiate du Ministère public en cas d’infractions liées aux matchs, en coordination avec les services de sécurité, garantissant célérité des décisions, respect des droits, procès équitable et maintien de l’ordre, tout en allégeant la charge des tribunaux. En parallèle, la DGSN a déployé une stratégie de sécurisation d’envergure dans les villes hôtes, reposant sur un système intelligent de vidéoprotection couvrant notamment Casablanca, Rabat, Marrakech et Tanger, avec 6.000 caméras mobiles affectées à 75 sites prioritaires et des plateformes de supervision en temps réel. Les stades sont dotés de postes de police dédiés et de salles de commandement, tandis que les capacités opérationnelles ont été renforcées par la création d’unités spécialisées, le déploiement de 16 équipes d’intervention appuyées par des drones, l’acquisition de 1.025 véhicules et l’attribution de 790 neutralisateurs électriques. L’ensemble de ces mesures illustre la capacité du Royaume à concilier grands événements sportifs, sécurité renforcée et respect des normes internationales. Le Maroc est prêt, et vous ?
« Mais derrière la ferveur sportive, une réalité géopolitique s’impose », Jean-Baptiste Guégan, spécialiste de la géopolitique du sport. Pour lui, le monde est fracturé : ambitions russes et chinoises, activisme turc, crispations identitaires en Europe, drames à Gaza… et dans ce contexte, chaque grande compétition devient un théâtre du pouvoir, une démonstration de puissance. « Rabat est consciente du fait qu’en 2025 comme en 2030, le ballon rond racontera bien plus qu’un tournoi. Il sera le récit du Maroc que l’on espère, de sa jeunesse et de la place qu’ils occupent sur le continent et dans le monde », précise-t-il. Pour le Royaume, le sport n’est plus une fin en soi, c’est une manière d’écrire, à chaque victoire, un nouveau chapitre de son Histoire.
