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mercredi, avril 24, 2024

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Coronavirus: vaccin et médicaments le point complet sur la recherche

De nouveaux médicaments, notamment l’azithromycine, pourraient enrayer le coronavirus. Voici tout ce que l’on sait sur la mobilisation de la recherche pour lutter contre le Covid-19.

C’est bien les scientifiques et les chercheurs qui permettront au monde de sortir de la crise du coronavirus. Dans son intervention télévisée du 13 avril 2020, Emmanuel Macron a assuré que les perspectives d’un retour à la normale dépendraient de la mise au point d’un vaccin contre le Covid-19 et de l’élaboration d’un protocole thérapeutique. Pour le premier point, le chef de l’État a assuré : « Notre pays investira encore plus massivement dans la recherche et je porterai dans les prochains jours une initiative avec nombre de nos partenaires en votre nom pour accélérer les travaux en cours. » Pour le second, le président de la République a rappelé que la France est le pays « qui a engagé le plus d’essais cliniques en Europe ». Sans nommer la chloroquine, il a assuré qu' »il ne s’agit pas de donner un traitement si on n’est pas sûr mais de procéder à tous les essais cliniques pour que toutes les pistes soient poursuivies. »

Quelles pistes de médicament contre le coronavirus ?

  • L’azithromycineLe protocole du Pr Raoult repose sur l’administration de l’hydroxychloroquine couplée à l’antibiotique azithromycine. Pour enrayer le coronavirus, trois médecins généralistes ont associé cet antibiotique à du zinc. Le docteur Gastaldi, l’un des praticiens, a expliqué au Parisien : « On a réfléchi sur ce qui pouvait augmenter l’effet de ce médicament. Le zinc est très efficace pour cela. On ajoute deux gélules d’Effizinc dans le protocole. Toujours de manière empirique, on a ajouté du Singulair, utilisé chez les personnes asthmatiques, pour son rôle d’anti-inflammatoire sur les tissus interstitiels pulmonaires. Chez les formes sévères, on ajoute de l’héparine à faible dose, pour prévenir les thromboses, les phlébites et les embolies pulmonaires, fréquentes avec le coronavirus. » Pris précocement, les résultats de ces associations semblent encourageants. « Depuis quelques semaines, nous avons tous les trois prescrit ce traitement à tous nos patients atteints du coronavirus. Pour ma part, cela représente plus de 200 patients. J’ai eu seulement deux cas graves nécessitant une hospitalisation et qui sont sortis depuis. […] Si on se fie aux données connues sur la maladie, sur, au minimum, 200 cas, on aurait dû avoir au moins deux décès et une quarantaine d’hospitalisations. » Un des avantages de l’azithromycine est sa toxicité limitée. Ce médicament « est largement prescrite tous les hivers chez les enfants et les adultes, sans effets secondaires. Il n’y a aucune raison de s’en priver dès les premiers symptômes. Ce serait formidable de sauver des vies! », a développé le Dr Gastaldi. Toutefois, ces résultats restent fragiles. En effet, il ne s’agit pas d’une une étude multicentrique et randomisée. De plus, les patients traités n’ont pas été testés positifs au Covid-19.
  • Le tocilizumab. L’une des dernières pistes évoquées est celle du tocilizumab. Certains patients gravement atteints par le nouveau coronavirus présentent un syndrome d’orage cytokinique. Cette pathologie est une réaction inflammatoire excessive notamment liée à un excès d’interleukine-6 (une protéine sécrétée par les lymphocytes qui activent la réaction immunitaire). Pour éviter une réponse immunitaire excessive, des molécules inhibitrices d’interleukine-6 pourraient être administrées. Le traitement privilégié serait le susnommé tocilizumab, commercialisé par le laboratoire Roche sous le nom RoActemra. Une étude chinoise — qui n’a pas encore été publiée — fait état de ce protocole. « Une dose unique de tocilizumab a été utilisée chez 21 patients en Chine souffrant d’un syndrome respiratoire sévère au cours d’une infection au CoviD-19, à la dose de 400 mg par voie intraveineuse, en plus d’un traitement de routine. En quelques jours, 90% des patients se sont rétablis et les opacités pulmonaires ont disparu », a expliqué dans Le Figaro Julien Lion, post­doctorant au sein d’une unité de recherche Inserm de l’Hôpital Saint-Louis, à Paris. Par ailleurs, l’hôpital Necker va entamer une expérimentation d’un autre inhibiteur d’IL-6, le sarilumab.  Selon une étude américaine, l’EIDD-2801 — un antiviral testé sur des cultures de cellules des voies respiratoires humaines — a inhibé la réplication virale du SARS-CoV-2, du MERS-CoV et du SARS-CoV-1 sans entraîner de toxicité. Ce traitement n’a pas encore été testé sur les souris pour le Covid-19, mais son efficacité sur l’animal a été démontré pour le MERS et le SRAS. Dans la revue « Science Translational Medicine » l’équipe de recherche a estimé que « si un autre virus du type SARS ou MERS devait se propager à l’avenir, [l’EIDD-2801] serait probablement sensible à l’activité antivirale de ce traitement ». Dans un communiqué, Timothy Sheahan, premier auteur de l’étude, a expliqué : « Cet antiviral pourrait être évalué dans le cadre d’une utilisation compassionnelle et d’essais cliniques chez l’homme. Le but est d’attaquer directement le virus, d’atténuer les symptômes, de diminuer la pathogenèse et de sauver des vies. »
  • La chloroquine. Aujourd’hui, il n’existe pas encore de traitement du Covid-19, mais plusieurs médicaments sont testés. Le plus prometteur est donc la chloroquine. Après deux études menées sur 24 puis 80 patients, le Professeur Didier Raoult, spécialiste des maladies infectieuses au sein de l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) de Marseille, a publié, jeudi 9 avril 2020, les résultats d’une troisième expérimentation. L’étude portait sur 1 061 malades dont l’âge médian était de 46,4 ans. Ils ont reçu le protocole à base d’ hydroxychloroquine et d’azithromycine (antibiotique) cher au médecin marseillais A l’issue du traitement de dix jours, la guérison virologique était observée chez 91,7% des malades selon le rapport. Toutefois, cinq patients âgés sont décédés, dix ont été admis en soins intensifs et 31 ont été hospitalisé dix jours ou plus. L’étude a conclu que lorsque le traitement est administré précocement, il est « sûr et efficace contre le Covid-19, avec un taux de mortalité de 0,5% chez les patients les plus âgés. Il évite l’aggravation et élimine la persistance et la contagiosité du virus dans la plupart des cas « , assure l’étude. Comme les précédentes, cette étude est sujette à débat, notamment en raison de l’absence d’un groupe contrôle.
  • La chloroquine déchaîne les passions en pleine pandémie de coronavirus. Afin d’affirmer ou d’infirmer les effets de cette molécule dans le traitement du nouveau coronavirus, le CHU d’Angers et 33 hôpitaux français vont réaliser une vaste expérimentation. L’étude, baptisée Hycovid, sera menée sur 1 300 sujets positifs au virus et âgés de plus de 75 ans. « Ils recevront soit de l’hydroxychloroquine, soit un placebo, sans connaitre la nature du comprimé testé. Leur consentement sera demandé », a expliqué le professeur Alain Mercat, président de la commission médicale du Centre Hospitalier Universitaire d’Angers. Vincent Dubée, instigateur du programme, a assuré : « Cette étude sera réalisée dans des conditions qui ne laisseront pas de place au doute. »
  • Remdesivir, Kaletra…Vendredi 20 mars 2020 a débuté le projet Discovery à l’échelle européenne. Cette étude vise à tester sur 3 200 patients européens hospitalisés pour des formes graves de Covid-19, des traitements. Piloté par l’Institut thématique Immunologie, inflammation, infectiologie et microbiologie en France, cet essai clinique, coordonné par l’Inserm, porte sur 800 patients français hospitalisés dans cinq établissements (à Paris, Lille, Lyon, Nantes, Strasbourg). Chaque quart des patients recevra un traitement différent : soit symptomatiques (qui traitent les symptômes, mais pas la maladie elle-même), soit du Remdesivir (cet anti-viral empêche le virus d’adapter son code génétique au malade), soit du Kaletra (utilisé pour les patients séropositifs) ou du Kaletra associé à de l’interféron bêta. Un essai avec la chloroquine, sur un large échantillon de patients, a été ajouté et a débuté lundi 23 mars 2020. Un autre portera sur du plasma de personnes guéries réinjecté à des malades. Les premiers résultats sont attendus début mai.
  • Le plasma. Dans la continuité du programme Discovery, un essai clinique à partir de plasma a débuté ce mardi 7 avril 2020. « Cet essai clinique consiste en la transfusion de plasma de patients guéris du Covid-19, contenant des anticorps dirigés contre le virus, et qui pourrait transférer cette immunité à un patient souffrant du Covid-19 », ont expliqué dans un communiqué l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris, l’Etablissement français du sang et l’Institut national de la santé et de la recherche médicale. Cette expérimentation, baptisée Coviplasm, donne lieu à des prélèvements dans le Grand-Est et en Bourgogne-Franche-Comté auprès d’environ 200 patients guéris depuis au moins 14 jours. « Une première évaluation pourra être rendue deux à trois semaines après le début de l’essai clinique », ont-ils indiqué. Des tests similaires sont en cours en Chine et aux Etats-Unis.
  • L’Ivermectine, est présenté sur les réseaux sociaux comme un remède au Covid-19. Cet antiparasitaire, notamment utilisé dans le traitement de la gale, a été expérimenté contre le nouveau coronavirus par une équipe de chercheurs australiens du Royal Melbourne Hospital et de l’université Morash. Dans un article scientifique, il est rapporté qu’in vitro (en laboratoire) l’Ivermectine réduit la charge virale du coronavirus en 48h. Frédéric Altare, immunologiste et directeur de recherche à l’Inserm, a expliqué à FranceInfo: « L’étude in vitro est un premier pas, mais il y a un océan entre quelque chose qui marche dans un laboratoire et quelque chose d’efficace chez l’homme. » Si les tests précliniques, sur les animaux, sont concluants, des tests sur des individus sains puis Covid+ pourraient être envisagés.

Existe-t-il un vaccin contre le coronavirus ? 

  • Vaccin ARN.Pour l’heure il n’existe pas de vaccin contre le Covid-19, mais une trentaine de start-up et entreprises travaillent à la conception d’un vaccin contre ce nouveau coronavirus. Certaines de ces sociétés — à l’instar de Moderna qui espère une mise sur le marché début 2021 — appliquent une nouvelle stratégie vaccinale. « Elle consiste à injecter directement un ARN [Ndlr : un morceau de patrimoine génétique] synthétique chez l’homme, qui va permettre à l’organisme de produire directement une des protéines du coronavirus. L’objectif est que le patient développe une résistance spécifique au virus, en produisant des anticorps neutralisants contre cette protéine », a expliqué au Figaro Olivier Schwartz, directeur de l’unité virus et immunité à l’Institut Pasteur.
  • Mutation faible.La bonne nouvelle, dans la course à l’élaboration d’un vaccin, est que le virus aurait une évolution lente. Andrew Rambaut, biologiste spécialiste de l’évolution moléculaire à l’Université d’Edimbourg, a déclaré dans le magazine Science que le nouveau coronavirus connaissait deux mutations mensuelles : « C’est environ deux à quatre fois plus lent que la grippe », a-t-il commenté. De plus, Peter Thielen, généticien moléculaire à l’université Johns Hopkins a expliqué dans le Washington Post : « À ce stade, le taux de mutation du virus laisse penser que le vaccin développé pour le SRAS-CoV-2 serait un vaccin unique, plutôt qu’un nouveau vaccin chaque année comme le vaccin anti-grippe. « 
  • Institut Pasteur, Allemagne, Japon… Plusieurs travaux notables sont à notifier. L’Institut Pasteur, une fondation française, a entamé l’élaboration d’un vaccin à partir du virus atténué de la rougeole. La société allemande, CureVac, espère lancer ses premiers tests d’ici juillet et mettre sur le marché un vaccin à l’autonome. Anges, un laboratoire nippon, va prochainement tester un vaccin ARN sur des animaux. Enfin, l’entreprise américaine Johnson & Johnson a sélectionné un vaccin-candidat, il sera expérimenté sur l’Homme d’ici septembre, la mise sur le marché est prévue début 2021.

La piste du BCG 

Faire du neuf avec de l’ancien… Les épidémiologistes étudient les effets du célèbre BCG (Bilié de Calmette et Guérin), un vaccin antituberculeux, sur le nouveau coronavirus. Très efficace contre la tuberculose, ce vaccin possède des propriétés anti-infectieuses larges. Un autre de ses atouts est le système immunitaire inné, c’est-à-dire les cellules et les mécanismes permettant la défense de l’organisme contre les agents infectieux de façon immédiate. « Si on est capable de bien entraîner son système immunitaire, on peut faire face aux réponses inflammatoires. Et l’une des problématiques majeures du Covid-19 est bien la réponse inflammatoire de notre propre organisme, que l’on appelle aussi la réponse de l’hôte : c’est précisément celle qui tue », a expliqué, à L’Express, Laurent Lagrost, directeur de recherche à l’Inserm de Dijon.En pratique, le BCG permettrait de limiter les réponses immunitaires trop fortes et donc les complications. Toutefois, la mémoire vaccinale n’est évaluée qu’entre 15 et 20 ans. Les chercheurs restent prudents et ont entamé des essais cliniques. Camille Locht, de l’Institut Pasteur de Lille, a détaillé : « Nous prenons des patients fortement exposés, comme le personnel soignant, que nous divisons en deux groupes : un qui reçoit le BCG, et l’autre le placebo. » Ensuite, « on compte les personnes qui développent le Covid-19, et si on arrive à des valeurs statistiquement indiscutables, nous pourrons alors, et seulement à cet instant, dire que le BCG protège du coronavirus à un certain niveau », a expliqué le Dr Locht. Des études sont également en cours en Australie, aux Pays-Bas, en Allemagne, en Espagne et au Royaume-Uni.

 Comment traite-t-on le coronavirus aujourd’hui ? 

En l’absence de médicament, un traitement symptomatique est appliqué aux cas bénins. Il s’agit de limiter les effets importuns — maux de tête, maux de gorge, courbatures. Pour cela, les patients peuvent prendre du paracétamol (Doliprane, Dafalgan, Efferalgan) jusqu’à 3g/jour. Samedi 14 mars 2020, le ministère de la Santé a fortement déconseillé la prise d’anti-inflammatoires de type Ibuprofen, aspirine ou cortisone. Les cas les plus graves sont admis dans des unités dédiées en service de réanimation. Les patients sont plongés dans un coma artificiel, ils sont sous assistance respiratoire et suivent souvent des traitements antibiotiques. Ils sont également placés sur le ventre seize heures par jour. Cette position étant une manière de les soulager. Cette prise en charge dure plusieurs semaines.

Le Rivotril : une réponse palliative

Pour limiter les douleurs des patients en phase terminale des traitements palliatifs peuvent justement être proposés. Ainsi, par un décret du 29 mars 2020, le Rivotril ® — un puissant sédatif — « peut faire l’objet d’une dispensation, jusqu’au 15 avril 2020 par les pharmacies d’officine en vue de la prise en charge des patients atteints ou susceptibles d’être atteints par le virus SARS-CoV-2 dont l’état clinique le justifie. » Ce médicament à base de Clonazépam est habituellement prescrit aux patients qui présentent des douleurs articulaires, des douleurs neuropathiques ou des troubles psychiatriques. Conformément aux lois bioéthiques de 2016, la spécialité pharmaceutique peut être proposée « dans la prise en charge de la dyspnée [gêne respiratoire] et la prise en charge palliative de la détresse respiratoire. » Il sera délivré sur présentation d’une ordonnance avec la mention : « Prescription Hors AMM dans le cadre du Covid-19. » Philippe Besset a développé auprès de 20Minutes : « La détresse respiratoire, c’est comme une noyade, c’est horrible à vivre et donne lieu à des moments d’atroce souffrance. Le Rivotril est un anxiolytique puissant de la famille du Lexomil, qui permet au patient en détresse respiratoire d’avoir un accompagnement pour enlever cette anxiété morbide. Ce n’est pas un médicament qui provoque la mort mais il permet d’éviter cette souffrance. »

Comment se protéger du coronavirus ? 

Bas du formulaire

Selon l’Institut Pasteur, « en l’absence de mesures de contrôle et de prévention, chaque patient infecte entre 2 et 3 personnes ». Afin de limiter la propagation du Covid-19, il est donc important de respecter les consignes de restrictions de déplacement instaurées par le gouvernement. L’Institut Pasteur rappelle qu’il faut « s’abstenir de toute sortie non indispensable dans un lieu public » et « éviter tout contact avec des personnes vulnérables (femmes enceintes, malades chroniques, personnes âgées…) ». De plus, « se laver les mains régulièrement, tousser ou éternuer dans votre coude, utiliser des mouchoirs uniques et conserver une distance d’au moins 1,5 mètre avec tout interlocuteur » demeurent des mesures efficaces.

 

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