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mercredi, mars 12, 2025

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Climat: Le spectre des événements extrêmes hante l’Italie

Par Mohamed ECHCHENNOUNI.

Sienne (Italie) – Au milieu de sa petite exploitation agricole envahie par la brume, Pietro Cecchi a les yeux rivés sur ses arbres fruitiers dégarnis. Une saison qui s’annonce, de nouveau, mal, comme les précédentes récoltes de cette plantation d’oliviers, pêchers et abricotiers, à quelques encablures de la province de Sienne, dans la région italienne de Toscane. Le spectre omniprésent des conséquences dévastatrices du changement climatique plane sur les lieux.

“Il suffit d’un degré au-dessous de zéro ou d’une température élevée, comme c’est désormais le cas assez souvent ces dernières années, pour perdre toute la récolte. Et je peux vous dire que c’est ce que nous vivons ces derniers temps”, a indiqué à la MAP cet agriculteur italien, qui garde pourtant un sourire d’espoir.

Sur l’ensemble de la production, seuls les fruits protégés par les serres sont épargnés dans cette région qui pâtit sous la menace d’une multitude d’événements extrêmes entre inondation et sécheresse, a-t-il déploré, en se remémorant l’année où la région a été victime d’une tempête exceptionnelle de grêle qui avait endommagé, outre les récoltes, même le toit de la maison familiale.

“Depuis plusieurs années, la région de Toscane est à la merci des caprices de la météo. Elle est frappée par des vagues de sécheresse et de violentes inondations. Les phénomènes du changement climatique se font ressentir de plus belle”, a ajouté le cultivateur.

D’après lui, certaines régions dans le sud de la Péninsule ont connu des périodes de sécheresse prolongée, et sur les oliviers, le résultat est sans appel: sur certaines branches, il n’y a aucun fruit, soit deux fois moins d’olives qu’en temps normal et une maigre récolte. Pire encore, a-t-il dit, “non seulement la récolte est deux fois moins importante, mais les olives sont encore moins riches en huile”.

Son compatriote, Carlo Confertini n’est pas mieux loti. Qualifiant de “noire” l’année 2023, il a fait savoir, dans une déclaration similaire, avoir perdu la totalité de la récolte d’olives avec “zéro production”. Une perte qu’il impute directement aux changements du climat qui prévaut dans la région depuis une vingtaine d’années.

Selon lui, les cinq dernières années ont été marquées par des épisodes de gel occasionnant plus de 50% de perte de la production, suivis d’importantes précipitations imprévues impactant près de 80% de la production des vignes et des olives. “A cela s’ajoute une période de canicule s’étalant entre 60 et 80 jours durant l’été”, a-t-il encore rappelé.

Quelques kilomètres plus loin, au bord de la mer dans la province de Livourne, en Toscane toujours, Luciano livre le même constat. “En terre comme en mer, les effets du changement climatique se font ressentir. Les tempêtes sont devenues monnaie courante en mer et beaucoup de nos collègues y ont perdu la vie”, souligne ce pêcheur émérite d’une cinquantaine d’années.

Ce climat capricieux, qui prend de plus en plus d’ampleur, empêche les pêcheurs de s’aventurer en plein mer au risque de leur vie, a-t-il insisté.

D’après les experts, assez souvent des zones maritimes sont traversées par une trombe marine, une colonne d’air et d’eau en rotation, qui renverse les bateaux, notant que ce phénomène est de plus en plus observé en Méditerranée ces dernières années.

A cet égard, le climatologue italien, Luca Mercalli a expliqué à la MAP qu’en effet la Méditerranée est “particulièrement sensible” au réchauffement mondial, la qualifiant de “hot-spot” climatique.

Dans le détail, il attribue ce phénomène à la “taille de la Méditerranée qui a un accès limité, la circulation des eaux océaniques du détroit de Gibraltar, ainsi qu’à sa proximité du grand anticyclone africain qui s’étend du désert du Sahara vers le nord”.

Selon lui, “la Méditerranée se réchauffe plus vite que les autres mers et océans à travers le monde. Une plus grande chaleur signifie également une plus grande évaporation des eaux vers l’atmosphère, et donc des pluies et des inondations plus intenses”.

Les pays du bassin méditerranéen subissent de plein fouet les événements climatiques extrêmes, a-t-il poursuivi, rappelant les tragédies qui ont coûté la vie à de nombreuses victimes, notamment le cyclone en Libye (2023), les inondations en Italie, en Émilie-Romagne (2023 et 2024), et en Espagne (2024).

D’autres pays, dont la France, la Grèce ou encore Chypre, ont eu leur lot de catastrophes naturelles ces dernières années, laissant sur leurs passages d’énormes dégâts.

Le spécialiste en météorologie a tiré la sonnette d’alarme, avertissant que “dans un monde plus chaud, les événements extrêmes deviennent plus fréquents et plus intenses”.

“Alors que la température moyenne des régions de la côte nord de la Méditerranée a augmenté d’environ 2°C au cours du siècle dernier, celle à l’échelle mondiale avance seulement de 1,4 °C. C’est dire l’impact du changement climatique sur le pourtour de la Méditerranée”, a fait remarquer M. Mercalli.

S’agissant du niveau de la mer, le spécialiste italien a indiqué qu’il s’élève d’environ 5 mm par an, en raison de la fonte des glaciers polaires et de la dilatation thermique des eaux.

Le climatologue a alerté qu’”à l’avenir, les températures, les événements extrêmes et leurs coûts vont continuer d’augmenter”, déplorant, avec amertume, que “sans aucun respect de l’accord de Paris sur le climat, l’humanité préfère fabriquer des armes à la place des panneaux solaires”.

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