Les impulsions budgétaire et monétaire de ces dernières années n’ont pas suffi à relancer l’activité. Après trois mois en 2019, les premiers indicateurs ne sont guère encourageants pour les dirigeants d’entreprise qui doivent en plus composer avec une trésorerie toujours sous pression. La croissance a été de 2,3% au 1er trimestre et maintiendrait le même rythme d’ici juin. L’indice de confiance des ménages poursuit sa baisse et cela se ressent sur leur propension à consommer.
Les entreprises des biens de consommation durables le ressentent depuis au moins trois ans. L’automobile fait exception dans ce tableau. La hausse de la demande extérieure adressée au Maroc a été divisée par deux entre janvier et mars sur un an.
Malgré les bonnes intentions du trio BAM-CGEM-GPBM, «l’on ne peut pas donner à boire à quelqu’un qui n’a pas soif». Mais cela n’empêche pas de mettre en place les conditions nécessaires pour redonner de l’appétit aux chefs d’entreprise. De ce nouveau rendez-vous, l’on attendait au moins des engagements du patronat sur les délais de paiement par exemple.
Les pratiques interentreprises font partie des éléments qui polluent l’environnement des affaires. Le stock d’impayés culmine à 40% du PIB. La fluidification de la circulation du cash devient un enjeu majeur. «Nous sommes dans un cercle qui n’est pas vertueux. Nous sommes parfois gênés pour certaines entreprises très sérieuses, mais qui sont obligées de tirer sur les délais parce qu’elles-mêmes sont confrontées à des difficultés financières», témoigne un dirigeant.
En même temps, il existe des entreprises pour qui les mauvaises pratiques de paiement sont devenues un sport national. «Même lorsqu’elles ont du cash, elles retardent délibérément le règlement des fournisseurs», tempête un chef d’entreprise. «Il faut un changement de culture et il doit s’opérer à tous les niveaux», poursuit-il.
Il faudra aussi du changement dans la relation banque/client. «Les banques doivent comprendre qu’à un moment, il faut prendre plus de risques tout comme les entreprises doivent mieux intégrer les exigences des prêteurs». L’asymétrie d’information est moins forte que par le passé. Il faudra sortir des schémas classiques pour accroître l’offre de financement à l’endroit des PME et des TPE.
Cela passe par le développement et la vulgarisation de certains modes de financement, notamment l’affacturage ou encore le crowdfunding. «Plusieurs engagements pris en 2016 ont été tenus. Maintenant, il s’agit d’aller plus loin avec une approche plus ciblée», confie un banquier. Les concertations entre les différentes parties vont se poursuivre pour la mise en œuvre de nouvelles actions.
D’un autre côté, le financement de l’économie ne peut pas reposer uniquement sur les banques. Il faudra développer les autres sources. L’assouplissement des règles d’intervention sur les marchés financiers pour les PME offrirait de nouvelles alternatives à ces entreprises. Il existe par exemple un projet de création d’un marché dédié aux PME en Bourse. Mais les délais de sa mise en place restent une énigme. Au-delà des discours, il faudra peut-être passer à l’action.