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vendredi, janvier 10, 2025

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Vidéo. Le privé au chevet d’un grand corps «malade»

Les investisseurs se bousculent au portillon. Le potentiel du secteur de la santé privée attise les convoitises, car tout est à reconstruire. Le chantier révolutionnaire de la généralisation de la protection sociale, initié par le Roi Mohammed VI, et la refonte du système de santé national vont dynamiser l’un des secteurs les plus capitalistes, toutefois extrêmement lucratif, mais avec cette particularité d’être social… vital.
Akdital l’a bien compris et compte bien se positionner parmi les acteurs majeurs de la santé, à coups d’investissements massifs dans la construction de nouvelles unités de soins et la reprise de cliniques déjà opérationnelles. Rien que pour l’année 2022, ce sont 700 millions de dirhams qui ont été mobilisés par le groupe, 100 millions de plus qu’une année auparavant… En tout, la holding de Rochdi Talib a mobilisé 1,7milliard de dirhams, entre 2019 et 2022, pour son programme de développement. Des chiffres qui donnent le tournis et qui démontrent que la course est bel et bien lancée pour la conquête de ce secteur qui en est encore à ses balbutiements.

La partie visible de l’iceberg
Selon les chiffres révélés par le Conseil de la concurrence, dans son dernier rapport sur le secteur, «le total des chiffres d’affaires déclarés pour les 83 cliniques (ayant communiqué leurs revenus et leur taille, ndlr.) s’établit à 1,17 milliard de dirhams». Et ce n’est que la partie visible de l’iceberg : cet échantillon ne représente que 13% du total des cliniques privées (613) que compte le Maroc et «les enquêteurs ont fait face à l’opacité de plusieurs établissements, en plus du phénomène de la non-déclaration d’importants revenus au fisc», comme le souligne le rapport.

Un secteur très rentable
La moitié du chiffre d’affaires global (1,17 milliard de dirhams) est réalisée par les 10 établissements les plus lucratifs, dont le top 3 est dans l’escarcelle du groupe Akdital : la clinique Jerrada-Oasis, le centre International d’Oncologie et la clinique Ain Borja totalisent un chiffre d’affaires de plus de 288 millions de dirhams. Et ce n’est pas fini. Le groupe entend couvrir toutes les régions du Royaume.
Pour financer son ambitieux programme d’investissement, le groupe a franchi le pas de la Bourse. Une première pour un opérateur de la santé. Contacté par nos soins, Rochdi Talib, PDG du groupe Akdital, reconnaît la forte rentabilité du secteur et l’énorme potentiel de la santé privée au Maroc : «Si la rentabilité n’était pas au rendez-vous, nous ne serions pas introduits en Bourse. Le secteur est certes très capitalistique, mais l’offre de soins privée demeure plébiscitée par les patients qui assurent un bon taux de remplissage aux établissements privés». Selon le médecin investisseur, il y a de la place pour tout entrepreneur, pourvu qu’il assure une qualité et une accessibilité des soins. Deux prérequis qui font la différence.
D’ailleurs, l’épine dorsale de la refonte du système national de santé repose principalement sur l’amélioration substantielle de l’offre de soins à travers une montée en gamme des infrastructures, des équipements et des professionnels de la santé.
Le Maroc dispose aujourd’hui d’une offre d’un lit d’hôpital pour 1.000 habitants. Ce qui est très peu. En Espagne, on est à 7 lits pour 1.000 habitants, et le Japon a atteint carrément le double. Un besoin que l’état compte combler à moyen terme à travers ses investissements en capacité hospitalière et ambulatoire via de nouveaux centres hospitaliers universitaires (CHU) et des centres de santé. Mais l’état ne peut pas tout faire tout seul. C’est là où intervient le rôle indispensable du privé. Un rôle appuyé par sa capacité d’investissement et son expertise.
Il faut rappeler que plus de la moitié des médecins marocains exercent dans des cliniques et 9 dirhams sur 10 de l’Assurance maladie obligatoire (AMO) tombent dans leurs comptes bancaires. «Un Marocain qui dispose d’une couverture médicale va presque exclusivement vers le privé. Ce secteur doit être associé à cette refonte du système de santé, que ce soit dans la réflexion, la mise en place ou l’évaluation de cette réforme. Il faut trouver les moyens pour que le privé puisse participer à son élaboration, d’autant plus qu’il fait partie intégrante de notre système de santé», soutient Tayeb Hamdi, vice-président de la Fédération nationale de la santé (FNS). Un constat partagé par Mohamed Elmandjra, fondateur et PDG d’ODM, groupe de cliniques spécialisées en oncologie (voir Pg.34) qui a lancé un appel à l’état pour une implication du privé dans sa politique de santé.

Le privé doit exécuter la politique sanitaire de l’état
Toutefois, si le privé est amené à jouer un rôle majeur dans cette métamorphose du secteur de la santé au Maroc, il se doit d’être mieux organisé et régulé. Il doit répondre à un cahier des charges bien précis et exécuter la politique sanitaire édictée par les pouvoirs publics. «Il faut promouvoir les partenariats public-privé et créer une certaine perméabilité qui permet au privé de contribuer par son capital, son savoir-faire et ses ressources humaines aux efforts de l’état. Mais on ne doit pas oublier qu’il s’agit d’une mission de service public. La santé c’est le devoir de l’état et le privé est là pour l’épauler. Pour cela, il faudra encourager ce secteur, mais tout en le régulant», souligne Tayeb Hamdi, expert en politiques et systèmes de santé. D’ailleurs, les professionnels du secteur privé attendent toujours l’actualisation de la tarification nationale de référence remontant à 2006 et donc devenue caduque.
Dans cette profonde mutation, un autre secteur névralgique est appelé à la rescousse : l’industrie pharmaceutique (voir Pg.40). Il s’agit d’assurer la souveraineté nationale en médicaments et en vaccins. Les génériques, dont le taux de pénétration n’est que de 40%, devraient être le fer de lance de cette évolution dans l’industrie.
Quoi qu’il en soit, aux côtés de l’état, les maillons de l’écosystème de la santé au Maroc sont appelés à une mobilisation tous azimuts pour réussir ce chantier de règne. «Tous les acteurs sont appelés à apporter leur contribution pour la mise à niveau et l’amélioration de ce secteur névralgique. D’autant plus que la généralisation de l’AMO va augmenter la demande pour les établissements privés, dont le taux de remplissage est déjà très important», indique Rochdi Talib, qui prévoit une poursuite du dynamisme des ouvertures de cliniques. Le privé paraît être indispensable dans la réussite des chantiers qui façonneront le secteur et garantiront un accès de qualité aux soins. Cependant, ces partenariats public-privé ne peuvent atteindre leur objectif qu’après l’amorçage d’un véritable travail d’assainissement et de régulation dans un secteur où les défaillances et les pratiques frauduleuses sont légion. La Santé affiche encore une petite forme…

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