Le ministre de l’Inclusion économique, de la Petite entreprise, de l’Emploi et des Compétences, Younes Sekkouri, a plaidé, jeudi à Rabat, pour une refonte en profondeur des approches relatives à l’avenir du travail, en appelant à inscrire la réflexion dans une équation plus globale, centrée sur le futur de la croissance.
De l’avis du ministre, les compétences humaines “fondamentales” telles que le leadership, la prise de décision, la gestion de situations complexes et la définition d’objectifs de long terme ne peuvent être remplacées par l’IA, estimant que ces aptitudes sont intimement liées à l’expérience vécue, à l’interaction humaine et aux choix de parcours individuels.
Il a, toutefois, souligné l’importance des compétences numériques, notamment en matière d’IA, de science des données et d’outils technologiques de nouvelle génération, précisant que l’enjeu ne réside pas uniquement dans la maîtrise technique de ces instruments, mais dans “la manière de mobiliser ces compétences pour porter l’innovation”.
M. Sekkouri a également insisté sur le rôle important des compétences liées à l’économie verte, relevant que nombre de décisions internationales ont des répercussions directes sur les industries nationales, en particulier l’automobile, l’aéronautique et les industries mécaniques.
Ces mutations se traduisent par des impacts économiques et sociaux tangibles, d’où la nécessité de développer des compétences adaptées pour accompagner la transition écologique et “se mettre au diapason de la réglementation internationale” dans ce domaine.
Par ailleurs, il a évoqué l’importance des compétences dans les domaines du commerce et de la formation professionnelle, rappelant que les métiers manuels et techniques demeurent “essentiels et structurants”.
Pour le ministre, la question centrale en matière d’avenir de l’emploi consiste à définir les modalités d’une action intégrée des gouvernements, du secteur privé et de la société civile, afin de mobiliser les ressources nécessaires et d’atteindre des résultats concrets.
Pour sa part, l’économiste et écrivain, Jacques Attali, a expliqué que les systèmes éducatifs actuels ne répondent pas efficacement aux besoins des individus et creusent le fossé des inégalités entre les différentes classes sociales.
Les nouvelles technologies, dont l’IA, continuent d’approfondir les inégalités alors qu’elles devraient faire partie des solutions, a-t-il alerté, précisant qu’il est essentiel de cultiver chez les apprenants la volonté de réussir et la capacité de résister aux échecs.
Cette session, axée sur le thème “L’avenir de l’apprentissage et du travail: politiques et pratiques” a exploré les voies de conception de systèmes d’apprentissage adaptables, inclusifs et réactifs aux réalités émergentes.
Elle s’est intéressée à la manière de passer de l’intention politique à la mise en œuvre concrète, en veillant à ce que les systèmes ne se contentent pas d’anticiper le changement, mais soient également en capacité de le conduire.
Placée sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, la 14e édition de la Conférence internationale annuelle du PCNS “The Atlantic Dialogues” (11-13 décembre) s’inscrit dans la continuité de celle de 2024 ayant élargi son format à une plateforme pluridisciplinaire, dans l’objectif d’analyser les multiples crises actuelles, afin de proposer des pistes de réforme adaptées aux réalités contemporaines.
En marge de la conférence, le PCNS organise la 12e édition du programme Atlantic Dialogues Emerging Leaders (ADEL), destiné à 40 jeunes professionnels âgés de 25 à 35 ans issus principalement des pays de l’espace atlantique.
(Avec MAP)
