Le parallèle est en effet sidérant entre la rigueur quasi-germanique dont peuvent faire preuve ces autorités en certaines zones de nos villes et en certaines occasions, comme l’actuelle période de préparatifs à l’accueil de la CAN et de la Coupe du Monde, et la nonchalance maquillée en fausse tolérance, lorsqu’il s’agit de quartiers marginaux, dits populaires et généralement en dehors des radars. Cette rigueur à géographie et à chronologie variables est le dénominateur commun de la plupart des drames comparables à celui de Fès, survenus durant les dernières décennies. Elle sévit encore et toujours, menaçant de continuer à faire des victimes, dans les nombreux quartiers chaotiques qui ceinturent la plupart des grandes villes marocaines, y compris la clinquante Ville Lumière, Rabat, où pullulent les constructions anarchiques menaçant ruine dans des ghettos comme Douar Doum et Douar Lhajja.
Comme à chaque drame, on pleurera nos morts et on appellera à l’ouverture d’une enquête pour établir les responsabilités et punir les fautifs. La presse s’indignera et la population réclamera des têtes qui tomberont ou qui ne tomberont pas. Puis viendra le temps de l’oubli et du relâchement, jusqu’à la prochaine hécatombe, qu’elle soit due à l’effondrement d’une autre construction anarchique, à un simple mais tragique accident de la circulation, à un incendie ou à des inondations. C’est ce cercle vicieux qu’il faudra rompre maintenant, et sans attendre, et qui est l’une des causes majeures de ce Maroc à plusieurs vitesses que l’on ne désespère pas de changer.
