Le directeur du quotidien Al Alam, président du SNPM, Abdellah El Bakkali, et membre du CNP, nous livre sa lecture sur la situation des entreprises médiatiques, frappées de plein fouet par la crise sanitaire
– Quel bilan faites-vous aujourd’hui de l’impact de la crise sanitaire sur la presse écrite, déjà fragilisée depuis quelques années ?
– Avant la crise de la pandémie, il y avait une crise mondiale manifestée par la régression de la presse écrite au profit de la presse électronique. Au royaume, la situation était difficile parce que, jusqu’à présent, nous n’avons pas un modèle économique réussi pour l’entreprise médiatique.
La crise sanitaire du Covid-19 a accentué la crise des journaux sur plusieurs niveaux. Premièrement, le produit est vendu gratuitement, via la version pdf, qui est un phénomène nouveau.
Les ressources publicitaires des journaux ont été réduites à plus de 90%. Le recouvrement s’est arrêté, conduisant des entreprises médiatiques à réduire le nombre de travail des journalistes et leurs salaires pour trouver un certain équilibre. Entre journalistes, personnel administratif, employés de l’impression, de la distribution et de la vente, on parle de 30.000 employés atteints par la crise. Une crise sans précédent !
– D’autres virus peuvent ressurgir à tout moment et à tout endroit, ce qui implique la mise en place de solutions durables pour le secteur médiatique. Lesquelles préconisez-vous ?
– Plusieurs solutions sont envisageables. Il faut mettre en place toute une stratégie. Les médias doivent bénéficier d’incitations fiscales. Il est inadmissible que les professionnels du secteur médiatique payent les mêmes impôts que ceux des sociétés activant dans le secteur de l’immobilier.
D’autre part, le marché de la distribution des journaux doit être réorganisé, à travers le recours aux imprimeries régionales par exemple, en vue d’élargir le lectorat. Le marché publicitaire est très important. Malgré une organisation professionnelle spécialisée de ce marché, le clientélisme et le favoritisme existent toujours.
– Les associations de défense des droits des journalistes et des éditeurs se sont multipliées ces derniers mois. Cette multiplication est-elle au service de la profession ?
– Je suis pour l’unité organisationnelle, mais, en même temps, nous ne pouvons pas interdire le droit constitutionnel du pluralisme. Nous avons donc besoin d’un moyen efficace pour mettre ce pluralisme au service de l’unité organisationnelle. Je suis pour la création d’associations d’éditeurs, et pour l’existence de la Fédération Marocaine des Editeurs de Journaux (FMEJ), mais plus pour la coordination entre eux, au service du renforcement du secteur médiatique.
Source : L’OPINION
Rédigé par : Safaa KSAANI