Meknès – Des experts, chercheurs et acteurs institutionnels ont mis en avant, jeudi à Meknès, l’importance de la protection juridique du patrimoine culturel immatériel, considéré comme une mémoire vivante des peuples et un reflet de leur identité.
S’exprimant lors d’un colloque scientifique organisé par la Commission nationale pour l’éducation, les sciences et la culture, en partenariat avec le ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, Mohamed Ben Taleb, conseiller au Secrétariat Général du Gouvernement et membre de la Commission nationale pour l’éducation, les sciences et la culture, a souligné l’intérêt que SM le Roi Mohammed VI accorde au patrimoine culturel immatériel, qui contribue à la préservation de la mémoire historique et à la réalisation des objectifs du développement durable.
Il a ajouté que le Maroc a mis en place plusieurs institutions pour gérer et préserver les éléments essentiels du patrimoine, notamment les Archives du Maroc, la Fondation nationale des musées, l’Académie du Royaume du Maroc, la Bibliothèque nationale du Royaume du Maroc et l’Institut national des sciences de l’archéologie et du patrimoine, mettant l’accent sur les efforts des différents départements ministériels dans la sauvegarde et la valorisation du patrimoine national.
M. Ben Taleb a souligné l”importance du projet de loi n° 33.22 relatif à la protection du patrimoine, actuellement en cours d’adoption, qui vise à assurer la protection juridique nécessaire du patrimoine culturel et à promouvoir l’investissement dans ce domaine.
De son côté, Abdessalam Amrir, chef du service d’inventaire du patrimoine à la Direction du patrimoine culturel du ministère de la Culture, a mis en exergue les efforts déployés par le ministère pour répertorier le patrimoine national, sensibiliser à son importance, ainsi que la célébration du mois du Patrimoine.
Il a insisté sur la nécessité d’accorder au patrimoine culturel immatériel la même importance que les autres formes de patrimoine, en précisant qu’il joue un rôle essentiel dans l’affirmation de l’identité nationale, la valorisation des éléments communs et la réponse aux changements climatiques par l’exploitation des pratiques ancestrales.
Pour sa part, Fouad Mehdaoui, directeur régional de la culture à Fès-Meknès et membre du Comité national pour la Mémoire du Monde, a présenté les réalisations de ce comité, qui a été fondé en 2008 et qui figure parmi les premières instances de ce genre dans le monde arabe.
Il a précisé que quatre propositions marocaines ont été soumises entre 2010 et 2023 pour inscription au registre mondial du Programme Mémoire du Monde à savoir le Livre des Exemples d’Ibn Khaldoun (Bibliothèque Al Quaraouiyine de Fès), “L’Urjuza” d’Ibn Tufayl (Bibliothèque Al Quaraouiyine de Fès),Le Livre de la Chirurgie d’Abu Al-Qasim Al-Zahrawi, le site des gravures rupestres de Foum Chenna (province de Ouarzazate).
Concernant les principaux projets du Comité national pour la Mémoire du Monde, M. Mehdaoui a précisé que ce dernier a soumis la candidature de la Bibliothèque Hassania de Rabat pour le Prix UNESCO/Jikji en 2015, a travaillé sur l’indexation et la numérisation des archives photographiques de la Direction du patrimoine culturel, et a participé à la protection juridique du patrimoine culturel en sollicitant l’inscription de plusieurs manuscrits au registre du patrimoine national en 2017.
Pour sa part, Hassna Ben Douz, conseillère auprès de la Délégation permanente du Maroc auprès de l’UNESCO, a souligné l’engagement constant du Royaume en faveur de la protection et de la préservation du patrimoine.
Elle a mis en avant le message royal adressé aux participants à la 17ᵉ session du Comité intergouvernemental pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO en novembre 2022 à Rabat, qui a insisté sur l’importance de la préservation, du développement et de la valorisation du patrimoine immatériel, tout en luttant contre les tentatives d’appropriation illégitime du patrimoine culturel des autres nations.
Mme Ben Douz a insisté sur la nécessité de protéger toutes les formes de patrimoine, y compris le patrimoine naturel et géologique, afin de garantir sa transmission aux générations futures.
Dans une intervention intitulée “Sauvegarde du patrimoine culturel immatériel : une action arabe commune”, Imad Ben Soula, expert en patrimoine auprès de l’Organisation arabe pour l’éducation, la culture et les sciences (ALECSO), a mis en avant les efforts de coopération entre les pays arabes dans le domaine du patrimoine.
Il a précisé que la préparation de dossiers de candidature pour l’UNESCO ne permet pas seulement de préserver les éléments concernés, mais aussi de sensibiliser à l’ensemble du patrimoine culturel vivant dans le monde arabe.
Jusqu’à présent, plusieurs éléments du patrimoine culturel arabe ont été inscrits sur la liste du patrimoine immatériel de l’UNESCO, notamment la calligraphie arabe et la gravure sur métal, le henné, le khôl arabe et le oud (instrument de musique).
D’autres candidatures sont en cours d’élaboration, concernant la poésie nabatéenne et les chevaux arabes, ainsi que l’artisanat de la poterie et le bateau à voile traditionnel.
De son côté, Bilal Chabi, expert en patrimoine culturel à l’UNESCO, a évoqué les efforts déployés par l’organisation pour la préservation et la valorisation du patrimoine culturel dans le monde islamique.
Il a mis en avant le rôle du Centre du Patrimoine dans le Monde Islamique, qui travaille sur la mise à jour des listes du patrimoine islamique, l’évaluation des dossiers de candidature et l’accompagnement technique des États membres.
Il a également rappelé l’importance du Comité du Patrimoine dans le Monde Islamique, créé en 2007, avec pour mission d’élaborer des stratégies de préservation des sites historiques et archéologiques, ainsi que du patrimoine matériel et immatériel dans les pays membres.
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